Donne-moi cette fleur meurtrie
Entre ta ceinture et ton cœur !
Je la veux triste et sans couleur,
Donne-la-moi, pâle et flétrie !
Ni la rose, éternelle fée,
Ni ce lys qui vient de s'ouvrir
Ne valent le dernier soupir
De la pauvre fleur étouffée !
Doux échange qui ravit l'âme !
La femme a gardé dans son cœur
Le plus doux parfum de la fleur,
La fleur, le parfum de la femme !
Cette fleur je l'avais cueillie
À tes pieds, au bord du chemin !
Tu me dis en tendant la main :
Donne-la-moi fraîche et jolie !
À ces bois où l'oiseau soupire,
Nous avons conté nos secrets !
Rêveuse, tu la respirais,
Et la fleur cachait ton sourire !
Doux échange qui ravit l'âme !
La femme a gardé dans son cœur
Le plus doux parfum de la fleur,
La fleur, le parfum de la femme !
(Léon Gozlan)