26 décembre 2008 5 26 /12 /décembre /2008 13:16
En hiver la terre pleure;
Le soleil froid, pâle et doux,
Vient tard, et part de bonne heure,
Ennuyé du rendez-vous.
Leurs idylles sont moroses.
- Soleil ! aimons ! - Essayons.
O terre, où donc sont tes roses ?
- Astre, où donc sont tes rayons ?
Il prend un prétexte, grêle,
Vent, nuage noir ou blanc,
Et dit : - C'est la nuit, ma belle ! -
Et la fait en s'en allant;
Comme un amant qui retire
Chaque jour son cœur du nœud,
Et, ne sachant plus que dire,
S'en va le plus tôt qu'il peut.

(Victor Hugo - Les quatre vents de l'esprit)

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26 novembre 2008 3 26 /11 /novembre /2008 16:32
Votre âme s'attriste en voyant l'automne
Pleuvoir du ciel gris en averse lente;
Le front à la vitre au bruit monotone,
Vos paupières ont joint leurs cils tremblants.

Vous rêvez déjà, presque somnolente
Au rythme endormeur de l'eau qui chantonne,
Des premiers flocons de neige si blancs,
Afin que du blanc sur du noir détonne.

Qu'ils rêvent du clair dans l'ombre qu'il pleut,
Vos chers yeux pensifs au fin regard bleu;
Ne les rouvrez pas : la chimère est brève !

Car il vous faudrait, en voyant glisser
La pluie à la vitre et le ciel baisser,
Reculer, hélas ! d'un peu votre rêve.

(Albert Lozeau)

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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 14:41
L'air frais est transparent comme le pur cristal.
Les toits sont saupoudrés de givre matinal
Et luisent au soleil merveilleux qui les frappe,
Chacun pareil à quelque éblouissante nappe.
Sur ce blanc, la lumière éclate comme un feu
Descendu par degré du firmament tout bleu,
Et fait soudain jaillir de ces claires parcelles
Des multitudes de reflets et d'étincelles.
La gelée éphémère a paru, cette nuit;
La neige de novembre en tourbillons la suit;
Nous la verrons bientôt par l'immensité blême
Pleuvoir sur la cité, comme un divin baptême...

(Albert Lozeau)

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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 10:27
Captif de l'hiver dans ma chambre
Et las de tant d'espoirs menteurs,
Je vois dans un ciel de novembre,
Partir les derniers migrateurs.

Ils souffrent bien sous cette pluie;
Mais, au pays ensoleillé,
Je songe qu'un rayon essuie
Et réchauffe l'oiseau mouillé.

Mon âme est comme une fauvette
Triste sous un ciel pluvieux;
Le soleil dont sa joie est faite
Est le regard de deux beaux yeux;

Mais loin d'eux elle est exilée;
Et, plus que ces oiseaux, martyr,
Je ne puis prendre ma volée
Et n'ai pas le droit de partir.

(François Coppée - Les mois)

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21 novembre 2008 5 21 /11 /novembre /2008 11:54
L'automne est la saison dolente.
L'âme des labours assoupis
Berce d'une hymne somnolente
L'enfance des futurs épis;

Et, triste, la mer de Bretagne
Se prend à gémir, dans le soir.
Par les sentiers de la montagne,
Commence à rôder le Mois Noir.

Et les cloches ont l'air de veuves,
Dans les clochers silencieux...
Nous n'irons plus aux aires-neuves !
Voici l'hiver, le temps des vieux.

Pour le départ des alouettes,
Tintent les glas des abandons.
Pleurez, ô chapelles muettes,
Les cierges éteints des Pardons !

... Avec les oiseaux de passage,
Les Clercs s'en vont aux premiers froids.
Ils emportent, selon l'usage,
Leurs livres, noués trois par trois.

L'automne est la saison dolente.
Les mères, sur le seuil, longtemps,
De leur bénédiction lente
Encouragent les hésitants;

Car, près d'enjamber la barrière,
Plus d'un a suspendu son pas,
Comme si des voix, par derrière,
Lui chuchotaient : « Ne t'en va pas ! »

(Anatole Le Braz)

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18 novembre 2008 2 18 /11 /novembre /2008 16:11
J'ai vainement lutté contre ton charme, Automne :
A ton impérieux attrait je m'abandonne.
J'ai cru que je n'avais qu'à te fermer mon cœur
Pour me soustraire au doux péril de ta langueur,
Mais ta beauté sereine à jamais me possède,
Et pareil à la feuille au vent puissant, je cède...
Je ne puis pas ne pas t'aimer sans repentir !
Je ne puis pas ne pas te voir ni te sentir,
Puisque ta grâce grave en mes yeux est entrée,
Et que de ta splendeur mon âme est pénétrée !

En tes bras, que j'ai fuis par crainte d'y mourir,
Prends-moi ! Berce mon cœur faible de trop souffrir...
Endors-moi, si tu veux, pourvu que dans mon rêve
J'entende murmurer l'arbre au vent qui s'élève,
Et que je voie, au fond de l'horizon pourpré,
Descendre avec lenteur le grand soleil doré !
J'accepte ton sommeil, fût-il fatal à l'âme,
Je le désire, Automne, et même le réclame !
Et j'ai honte aujourd'hui des mots présomptueux
Que proféra mon cœur subjugué, mais peureux.
Je ne repousse plus, je subis et j'appelle
Ton influence étrange, ô Saison la plus belle,
O ciel baigné de brume où transparaît l'azur,
O terre dépouillée où tombe le fruit mûr !
Sur la ville bruyante et de laideur punie,
Tu fais régner, Automne, une paix infinie,
Et ton soleil couchant rayonnant sur les toits
Rend toute chose pure et douce comme toi.
Je t'aime, car tu mets ton cœur sur ma pensée,
Comme une lune d'or sur une onde apaisée...

(Albert Lozeau)

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14 novembre 2008 5 14 /11 /novembre /2008 18:05
Rayures d'eau, longues feuilles couleur de brique,
Par mes plaines d'éternité comme il en tombe !
Et de la pluie et de la pluie - et la réplique
D'un gros vent boursouflé qui gonfle et qui se bombe
Et qui tombe, rayé de pluie en de la pluie.
- Il fait novembre en mon âme -
Feuilles couleur de ma douleur, comme il en tombe !
Par mes plaines d'éternité, la pluie.

(Emile Verhaeren - Les bords de la route)

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10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 15:27
De grands nuages gris estompent l’horizon;
Le soleil jette à peine un regard à la terre;
Les feuilles et les fleurs roulent sur le gazon
Et le torrent gonflé gronde comme un tonnerre.

Adieu le soir serein ! adieu le matin clair !
Adieu le frais ombrage ! adieu les folles courses !
Adieu les voix d’oiseaux qui se croisent dans l’air !
Adieu le gazouillis des buissons et des sources !

Plus de gais moissonneurs attroupés dans les blés !
Plus d’amoureux rêveurs assis sous les tonnelles !
Plus de concerts la nuit sur les flots étoilés !
Dans les prés et les bois plus de parfums, plus d’ailes !

Mais parfois le soleil, déchirant les brouillards,
Verse des lueurs d’or sur les eaux et les chaumes...
Et nous croyons ouïr les oiseaux babillards,
Nous respirons partout de sauvages arômes.

L’arbre nu nous paraît se rhabiller de vert :
Le vent attiédi joue avec ses rameaux souples;
Et dans le creux du val, de feuilles recouvert,
Il nous semble encor voir errer de joyeux couples.

Ainsi que la saison des fleurs et des amours,
Se sont évanouis mes rêves de jeunesse;
Un nuage a passé tout à coup sur mes jours,
Dérobant un soleil qui me versait l’ivresse.

Cependant quelquefois à travers mon ciel noir
Un reflet radieux glisse à mon front morose...
Alors dans le passé lumineux je crois voir
De mes bonheurs enfuis flotter l’image rose.

Et puis devant mes yeux rayonne l’avenir;
L’espérance renaît dans mon âme ravie...
Et le rayon qui brille un instant sur ma vie,
C’est celui que le cœur nomme le souvenir.

(William Chapman - Les aspirations)

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8 novembre 2008 6 08 /11 /novembre /2008 10:16
Le soleil rouge, au bout des terres labourées,
Descend à l’horizon couleur d’ardoise, lent…
La campagne a cessé son effort violent;
C’est l’heure du silence et des flammes pourprées.

Gloire à l’automne ! gloire aux tranquilles vesprées !
Murmure l’âme loin du tumulte troublant.
La sérénité plane ici; l’arbre tremblant
Frissonne de bonheur sous ses feuilles dorées !

Le beau soleil de sang règne sur les champs bruns.
La terre, qui n’a plus de fleurs, a des parfums
Dont la fraîcheur caresse et dont le charme apaise.

Et là-bas, à moitié disparu, le soleil,
Tout au bout des sillons l’un à l’autre pareil,
Dans un brouillard d’argent flambe comme une braise.

(Albert Lozeau - Le Miroir des jours)

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3 novembre 2008 1 03 /11 /novembre /2008 17:11
La brume s'échevèle au détour des allées,
Un souvenir épars s'attarde et se recueille,
Il flotte une douceur de choses en allées
Un songe glisse en nous, comme un pas sur les feuilles.

Les jardins de Novembre accueillent vos amours,
Ô jeunesse pensive, Ô saison dissolvante,
Les grands jardins mélancoliques et qui sentent
La fin, la pluie - odeurs humides de l'air lourd,
De choses mortes qui retournent à la terre.

Iris mauves aux parfums âcres, aux tiges pâles,
Ployés un peu, et qui se fanent, solitaires,
Et laissent tristement pendre leurs longs pétales
Transparents, trop veinés, trop fins - comme une lèvre
Dont les baisers ont bu le sang et la tiédeur

Cherche encore une bouche où poser sa langueur.
Le grand jardin brumeux sommeille. Sourde fièvre
Ô parfums trop aigus des iris et des roses
Flétris - parfums et mort - serre chaude d'odeurs.

Tout l'univers mourant qui s'épuise en senteurs
Et puis dans la tristesse odorante des choses
Effeuillant, inclinant, chaque fleur du jardin
D'un battement furtif, égal et doux, se pose
L'aile silencieuse et lasse du déclin.

(Louis Chadourne - Accords)

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