27 janvier 2009 2 27 /01 /janvier /2009 07:00
Comme une fleur d’avril, en sa chair éclatante,
Sourit à notre amour cet enfant adoré.
Voyez comme il est beau ! Par de longs jours d’attente
En secret dans nos cœurs nous l’avons désiré.
Que son visage est pur, que sa grâce est parfaite !
Et comme nous aimons le regarder longtemps !
C’est notre seul trésor et notre âme est en fête
À voir son jeune front fleurir comme un printemps
Son corps a la couleur si fraîche de la rose,
Ses petits membres sont pareils à des roseaux,
Son regard est d’azur, sa chair est douce et rose,
Et son babil est comme un ramage d’oiseaux
L’alouette qui chante au bord de la fenêtre
Semble faire son chant plus doux quand il s’endort
La lumière du ciel pour lui semble renaître,
Et le jour vient baiser ses petits ongles d’or

Son sourire est divin, et sa bouche ressemble
À quelque fleur sauvage et pure. Quand soudain
Il s’élance en marchant jusqu’à nous, il nous semble
Voir voler la plus belle rose du jardin !
Les anges près de lui s’empressent sans relâche,
L’aube rose et joyeuse l’entoure, et parfois
Il s’élève vers elle en souriant, et tâche
De prendre du soleil avec ses petits doigts
Et lorsqu’à sa gaieté si franche il s’abandonne,
Quand son petit bras sort des langes décousus,
- Veuillez me pardonner, ô très sainte Madone -
Je le trouve aussi beau que le petit Jésus !

(Blanche Lamontagne)

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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 16:55
Lorsque l'enfant a peur de perdre son enfance,
il consulte parfois son amie la girafe,
qui soudain le soulève et l'assoit sur son cou
pour faire dans le parc un rapide galop
ressemblant au tangage; et l'enfant se promène
à bord de ce navire où l'étoile est si proche,
l'étang si renversé, la montagne si basse...
Alors, les lois du temps par miracle s'annulent
dans une grande fête, et les vieilles personnes,
perdues par la raison, n'osent plus s'immiscer
dans le bonheur qui d'arbre en arbre s'improvise
comme un bal costumé parmi les ballons rouges.
La girafe est légère en sa longue tendresse,
et l'enfant rassuré peut devenir adulte.

(Alain Bosquet)

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20 novembre 2008 4 20 /11 /novembre /2008 22:38
Tournez, tournez, bons chevaux de bois,
Tournez cent tours, tournez mille tours,
Tournez souvent et tournez toujours,
Tournez, tournez au son des hautbois.

Le gros soldat, la plus grosse bonne
Sont sur vos dos comme dans leur chambre,
Car en ce jour au bois de la Cambre
Les maîtres sont tous deux en personne.

Tournez, tournez, chevaux de leur cœur,
Tandis qu'autour de tous vos tournois
Clignote l'œil du filou sournois,
Tournez au son du piston vainqueur.

C'est ravissant comme ça vous soûle
D'aller ainsi dans ce cirque bête :
Bien dans le ventre et mal dans la tête,
Du mal en masse et du bien en foule.

Tournez, tournez sans qu'il soit besoin
D'user jamais de nuls éperons
Pour commander à vos galops ronds,
Tournez, tournez, sans espoir de foin

Et dépêchez, chevaux de leur âme :
Déjà voici que la nuit qui tombe
Va réunir pigeon et colombe
Loin de la foire et loin de madame.

Tournez, tournez ! le ciel en velours
D'astres en or se vête lentement.
Voici partir l'amante et l'amant.
Tournez au son joyeux des tambours !

(Paul Verlaine - Paysages belges)

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15 novembre 2008 6 15 /11 /novembre /2008 17:28
Sitôt que ma leçon se trouvait terminée,
J’allais au bord du lac achever ma journée
Et rire avec le flot qui bondissait joyeux;
Et sur le sable d’or de la riante grève,
Je m’endormais parfois pour écouter en rêve
La sereine chanson du lac harmonieux.

Ou bien je regardais passer les longs nuages
Semblant un vol puissant de beaux cygnes sauvages
Guidés par le hasard vers un but inconnu,
Tandis qu’autour de moi les grandes sauterelles,
En étoilant le sol du reflet de leurs ailes,
Volaient avec un bruit étrange et continu.

Puis, lasse de songer si longtemps sans rien faire,
Je cherchais quelque jeu qui pût me satisfaire :
Sur les flots clairs et purs comme des cristaux bleus,
Je faisais naviguer une flotte tremblante
De barques en papier, et l’onde scintillante
Les portait doucement au loin vers d’autres lieux.

Et, souvent, sur le pont du navire fragile
J’écrivais, d’une main encor bien inhabile,
Quelques mots enfantins, et posais quelques fleurs
Sur l’arrière incliné des mignonnes nacelles,
- Pesantes cargaisons pour leurs coques si frêles -
Puis, les voyant partir, j’essuyais quelques pleurs.

Mes regards les suivaient sur l’ondoyante plaine :
Je pensais que bien loin, sur la terre lointaine
Où mes pauvres bateaux aborderaient un jour,
Ils trouveraient quelqu’un sur le nouveau rivage,
Qui se demanderait d’où venait ce message,
Et, qui sait ? m’enverrait une flotte à son tour !

Quel était l’inconnu qui ferait cette chose ?
Je ne le savais pas, mais pourtant je suppose
Que je parais son front d’un nimbe radieux :
Ce serait un seigneur, une fée adorable,
Une belle princesse assise sur le sable...
Et je sentais mon cœur tressaillir anxieux.

Et tous les jours suivants, pleine de confiance,
J’attendais la réponse avec impatience...
Mais, hélas ! mon bateau n’est jamais revenu,
Et je cherchais en vain, dans l’éloignement vague,
Espérant chaque jour voir enfin sur la vague,
Mes vaisseaux revenant du pays inconnu !

Jeux naïfs de l’enfance !... Il se peut qu’on en rie !
Mais j’aime l’infini, j’aime la rêverie
Qui mêle au terre à terre un peu de merveilleux;
J’aime à quitter souvent l’existence réelle.
Fût-ce, comme autrefois, pour suivre une nacelle
Qui vacille et se perd sur le flot onduleux.

(Alice de Chambrier)

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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 16:07
La simplicité claire, enfants, est dans vos yeux.
La vérité s’exprime en vos douces prunelles,
Et l’on y voit passer le souvenir des ailes
Que vous aviez hier en descendant des cieux.

Votre innocence est comme un manteau radieux
Dont frémissent d’émoi les âmes maternelles,
Et sa pureté sainte et sa vertu sont telles
Qu’il en flotte un parfum de candeur en tous lieux.

Sur votre bouche fine en sa grâce première,
On regarde s’ouvrir une fleur de lumière
Qui pâlit par moments, mais qui ne s’éteint pas.

Blancheur, divins regards clos pour les calmes sommes,
Gestes qui font un ciel aux mamans ici-bas !
Charmes trop tôt perdus des enfants dans les hommes …!

(Albert Lozeau - Le Miroir des jours)

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4 novembre 2008 2 04 /11 /novembre /2008 19:32
A quoi jouait-il cet enfant ?
Personne n'en sut jamais rien.
On le laissait seul dans un coin
Avec un peu de sable blanc
On remarquait bien, certains jours,
Qu'il arquait les bras, tels des ailes
Et qu'il regardait loin, très loin,
Comme du sommet d'une tour.
Mais où s'en allait-il ainsi
Alors qu'on le croyait assis ?
Lui-même le sut-il jamais ?
Dès qu'il refermait les paupières,
Il regagnait le grand palais,
D'où il voyait toute la mer.

(Maurice Carême)

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30 octobre 2008 4 30 /10 /octobre /2008 17:25
Enfant, pourquoi pleurer, puisque sur ton passage
On écarte toujours les ronces du chemin ?
Une larme fait mal sur un jeune visage,
Cueille et tresse les fleurs qu'on jette sous ta main.

Chante, petit enfant, toute chose a son heure;
Va de ton pied léger, par le sentier fleuri;
Tout paraît s'attrister sitôt que l'enfant pleure,
Et tout paraît heureux lorsque l'enfant sourit.

Comme un rayon joyeux ton rire doit éclore,
Et l'oiseau doit chanter sous l'ombre des berceaux,
Car le bon Dieu là-haut écoute dès l'aurore
Le rire des enfants et le chant des oiseaux.

(Guy de Maupassant)

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17 octobre 2008 5 17 /10 /octobre /2008 13:58
Je savais que ce serait toi
Avec cette petite bouche,
Avec ce front et cette voix,
Ce regard indécis qui louche.
Je savais que ta jeune chair
Aurait ces nacres veloutées,
Que tes mains tapoteraient l'air
Pour saisir la robe des fées.
Je savais la suave odeur
De lait pur qu'aurait ton haleine
Et quel choc effrayant ton cœur
Battrait sous la guimpe de laine.
Je sentais si bien tes pieds nus
Marcher dans mon douillet mystère
Que mon sang les a reconnus
Quand tu les posas sur la terre.
Comment ne t'aurais-je pas vu
Avec les yeux de ma pensée ?
Rien de toi ne m'est imprévu,
Petite âme que j'ai tissée.
Quand tu poussas ton premier cri,
Ce cri me sortait des entrailles;
Mon souffle s'étire attiédi
Sur tes lèvres lorsque tu bâilles.
Jusqu'au bout de tes menus doigts,
Je me prolonge et me sens vivre;
Comme au vent la feuille des bois,
Mon penchant incline à te suivre.
De l'ombre où je la retenais
Dans l'effroi de la clarté nue,
N'es-tu pas, enfant nouveau-né,
Une de mes formes venue
Afin que d'un rêve jaloux
Je goûte l'intime caresse
Et que je berce la tristesse
De mon âme sur mes genoux.

Cécile Sauvage
(Œuvres complètes - © La Table Ronde - 2002)

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9 octobre 2008 4 09 /10 /octobre /2008 13:16
Enfant sur la terre on se traîne,
Les yeux et l'âme émerveillés,
Mais, plus tard, on regarde à peine
Cette terre qu'on foule aux pieds.
Je sens déjà que je l'oublie,
Et, parfois, songeur au front las,
Je m'en repens et me rallie
Aux enfants qui vivent plus bas.
Détachés du sein de la mère,
De leurs petits pieds incertains
Ils vont reconnaître la terre
Et pressent tout de leurs deux mains;
Ils ont de graves tête-à-tête
Avec le chien de la maison;
Ils voient courir la moindre bête
Dans les profondeurs du gazon;
Ils écoutent l'herbe qui pousse,
Eux seuls respirent son parfum;
Ils contemplent les brins de mousse

(René Armand François Sully Prudhomme - Les solitudes)

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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 15:17
Un enfant élevé dans un pauvre village
Revint chez ses parents, et fut surpris d'y voir
Un miroir.
D'abord il aima son image;
Et puis, par un travers bien digne d'un enfant,
Et même d'un être plus grand,
Il veut outrager ce qu'il aime,
Lui fait une grimace, et le miroir la rend.
Alors son dépit est extrême;
Il lui montre un poing menaçant,
Il se voit menacé de même.
Notre marmot fâché s'en vient, en frémissant,
Battre cette image insolente;
Il se fait mal aux mains. Sa colère en augmente;
Et, furieux, au désespoir,
Le voilà devant ce miroir,
Criant, pleurant, frappant la glace.
Sa mère, qui survient, le console, l'embrasse,
Tarit ses pleurs, et doucement lui dit :
N'as-tu pas commencé par faire la grimace
A ce méchant enfant qui cause ton dépit ?
- Oui. - Regarde à présent : tu souris, il sourit;
Tu tends vers lui les bras, il te les tend de même;
Tu n'es plus en colère, il ne se fâche plus :
De la société tu vois ici l'emblème;
Le bien, le mal, nous sont rendus.

(Jean-Pierre Claris de Florian - Fables)

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